Jeu Mac : Sid Meier's Railroads!
Je vous en parlais lors de mon retro-test de l'excellent Railroad Tycoon 2, il était enfin temps, profitant d'une promotion à tout petit petit prix sur Steam, que je me lance dans Sid Meier's Railroads!, le 4ème et le plus récent des épisodes de la série. Sorti en 2006, mais quelques années plus tard sur Mac, il est aussi le seul à tourner sur des versions récentes de macOS (depuis l'arrivée des processeurs Intel dans nos Mac).
Selon moi, la série des Railroads est une série à part, d'une part parce que j'en suis un adepte depuis le le premier épisode mais aussi car il s'agit certainement la plus ancienne série de jeux vidéo ayant toujours eu une version pour Mac ! Un fait notable dans le monde du jeu vidéo ... ou nous, mac-users, sommes souvent relégués au second plan.
Mieux, il s'agit d'une série ayant connu l'ensemble des technologies successives d'Apple, voici le détail des précédents épisodes
- Sid Meier's Railroad Tycoon (1990) est sorti sur Système 6/7 à l'époque des processeurs 68k. L'ayant re-testé récemment sur Basilisk II, je vous en parlerai très prochainement afin de compléter la série !
- Railroad Tycoon II (1998) est sorti sur Système 8/9 sur processeurs PowerPC.
- Railroad Tycoon III (2003) était disponible sur Mac OS X, toujours sur processeurs PowerPC.
Mais revenons au jeu !
Le principe est toujours le même, il faut rallier les villes entre elles et optimiser les transports pour rentabiliser le plus les voyages.
Si comme moi, vous êtes adeptes de la série, cet épisode risque de vous surprendre, voir de vous dérouter, ce qui peut être génant pour un jeu de train !
De nombreux éléments ont complétement été changé, reniant certains éléments historiques du jeu, avec pour but de simplifier le côté gestion du jeu. Malheureusement, pour un jeu de gestion, qui fonctionnait très bien avant, c'est bien dommage.
La principale nouveauté se trouve au niveau de la gestion des rails. S'il était déjà possible de gérer des tracés à une ou deux voies, le système a été ici totalement repensé, on gère désormais les voies une à une, et il est possible de les combiner pour obtenir deux, trois, quatre, ou plus, voies en parallèle. Si le principe parait sympathique au premier abord, cela devient rapidement un calvaire, si l'on essaye d'optimiser ses trajets afin que les trains soient le moins arrêtés possible. Et malgré toute l'attention que l'on peut apporter à la construction des voies, le résultat ne sera que très rarement au rendez vous, avec en bonus, un énorme mal au crâne !
La gestion des gares, elle aussi a changé, devenue extrêmement limitée. Une fois un dépôt posé, la seule évolution possible est de le transformer en gare, puis en gare centrale. Il n'est plus possible d'optimiser ses gares selon ses envies ou ses besoins selon les éléments transportés. Adieu bars, restaurants et autres espaces de stockage dédiés. De même pour la maintenance, qui a totalement disparue, alors qu'elle était un énorme challenge dans l'épisode 2 par exemple.
La gestion des manufactures a aussi changé, visibles directement au niveau de la gare, il est toujours possible de les acheter, afin de rentabiliser ses transports de marchandises, il est aussi possible d'en créer une, ce qui simplifie grandement certaines parties. Malheureusement, il est aussi possible que la construction automatique d'industries puisse vous bloquer un objectif, puisqu'elles sont désormais limitées à 3 seulement, et une fois ses 3 slots remplis, il n'est plus possible d'en ajouter une.
L'interface principale du jeu est assez jolie, elle se modernise un peu par rapport aux épisodes précédents, du temps a été passé pour améliorer l'ergonomie. Il en va de même pour l'affichage des locomotives tout en 3D, suffisamment travaillées pour obtenir un résultat concluant ! Si vous avez un petit côté Sheldon Cooper, fans absolus de trains, vous en profiterez à la sortie de chaque nouveau train.
Comme les précédents épisodes, les trains sont de vrais modèles ayant existés, toujours les mêmes d'ailleurs, et ne seront disponibles qu'à la vraie date de disponibilité de la motrice. Autre simplification, les rails n'ont plus besoin d'être électrifié pour y faire rouler des locomotives modernes utilisant le réseau électrique.
Malheureusement, les autres interfaces ne profitent pas de la même cure de jouvence, ni de la même attention. Les interfaces d'informations, comme l'affichage des trains ou des gares ne sont malheureusement pas d'aussi bon goût, voir sont carrément austères.
L'affichage 3D des terrains est très agréable, la direction artistique choisie est assez particulière mais va très bien à un jeu du style. Cependant, les cartes sont très petites, et l'on a rapidement l'impression d'être submergé de rails, cela simplifie une fois de plus le jeu et la partie construction, au prix d'une belle frustration. Car il n'y a pas la place pour optimiser ses lignes et se faire plaisir en plaçant ses rails à la perfection.
Pour finir sur les trop nombreux points noirs, il n'existe pas de vraie campagne, comme dans les épisodes précédents. Le jeu propose tout de même des niveaux, avec des objectifs à remplir. Il y a quelques réglages pour la difficulté, afin d'ajuster sa partie, sans grand intérêt. Petite évolution, il est possible de choisir 3 niveaux de durée de la partie, avec 3 niveaux d'objectifs à remplir, selon les années. Intéressant ? Pas forcément, mis à part vouloir faire une partie courte et rapide.
Les parties sont encore plus mal équilibrées qu'avant. Les débuts de parties sont longs et difficiles, le manque d'argent nécessite de bien faire ses choix, un challenge habituel pour la série. Mais rapidement, l'argent coule à flot ! Et, comme on se sent à l’exiguë sur ces cartes, on a moins la volonté à construire pour étendre son empire.
Parmi les autres nouveautés, on retrouve un ingénieux système d'enchères, très sympa. Il permet d'avoir pendant quelques années de jeu, d'obtenir des technologies en avance. Mais cela s'adresse vraiment lors de jeux en réseau ou face à une AI.
Note pour les intéressés, si vous disposez d'une souris dite "gaming", le jeu peut poser problème lors de la construction de rails ou de la disposition de gare. En effet, l'affichage dynamique semble vouloir se faire à chaque rafraichissement de la position de la souris. Or les souris gaming ont un rafraichissement bien plus fréquent qui peut engendrer du délai et rendre la construction assez pénible, même si cela ne bloque pas totalement le jeu. Il est donc préférable de repasser sur une souris Apple ou une souris ayant un rafraichissement "normal". Un peu dommage qu'un jeu ne sache pas gérer une souris dédiée au jeu. Après une longue discussion avec le support pour identifier le soucis, il m'a clairement été dit qu'il n'y aurait aucune mise à jour pour corriger ce problème.
Mis à part ce petit soucis, le portage réalisé par Feral Interactive est très propre. Le jeu est fluide, et tourne à pleine vitesse, toutes options graphique activées même sur un Mac un peu ancien.
Verdict ?
Sid Meier's Railroads s'éloigne sâcrément de ce qui a fait le succès de la série. C'est un jeu presque correct, car il corrige pas mal des défauts introduits dans l'épisode 3, avec l'arrivée de la 3D. Mais malheureusement en apporte de nouveaux, en particulier, une simplification extrême du jeu qui gâche l'ensemble. Pour couronner le tout, s'il amène un peu de nouveauté, toujours la bienvenue, elle n'est pas toujours réussie.
Reste que désormais à petit prix et souvent en promotion, il permet tout de même de passer de bons moments. On ne s'éternisera cependant pas dessus. Une fois de plus, ce n'est pas cet épisode qui surclassera l'épisode 2. Car pour moi, Railroad Tycoon 2 reste le meilleur opus de la série jamais créé, celle que je relance dès que j'ai un petit coup de blues.
Le renouveau du genre viendra peut être de Railway Empire, un sérieux concurrent qui semble bien noté. Malheureusement, il n'est pas disponible pour Mac, mais peut être qu'avec le temps, il finira par venir sur nos machines à la pomme. Gardons espoir.