Ecrans physiques vs bureaux virtuels
Depuis quasiment le début du Mac, il est possible de disposer de plusieurs écrans, une solution bien pratique pour étendre son espace de travail. Mais ce n'est pas la seule, puisque depuis sa version 10.5, macOS (ou Mac OS X, à l'époque), propose Spaces, un système d'écrans virtuels tout aussi pratique. Deux solutions, deux philosophies, deux manières de travailler, au final, quelle est la meilleure ?
Multi-écrans physiques
Certainement disponible depuis le Système 7, la gestion multi-écran fait partie de l'ADN de toutes les versions de macOS qui sont sorties depuis. Machine de prédilection des créatifs, le Mac s'est rapidement adapté aux besoins d'espace de ses utilisateurs, quelque soit le domaine concerné : design, vidéo, PAO, 3D... D'abord en proposant des résolutions et des tailles d'écran bien plus grandes que sur PC, mais aussi en permettant de brancher plusieurs écrans. Si nativement, les machines n'acceptaient qu'un écran, il suffisait d'insérer une ou plusieurs cartes graphiques supplémentaires pour y brancher les écrans souhaités.
macOS se charge ensuite d'étendre l'espace de travail, toujours avec la possibilité de configurer cet espace pour placer les écrans tels qu'ils sont placés sur votre bureau.
Aujourd'hui, il n'y a guère plus de machine Apple capable d'avaler de multiples cartes graphiques. Seuls les Mac Pro en sont capables, malheureusement dans un format propriétaire depuis 2013. Cependant les cartes graphiques intégrées dans toute la gamme Apple, portable compris, sont capables de gérer un ou plusieurs écrans supplémentaires, pour cela il suffit de se procurer un adaptateur Thunderbolt ou USB-C vers DVI ou HDMI selon le format de votre écran.
Il s'agit de la solution la plus simple, elle ne nécessite qu'une configuration minime. Visuellement, elle est aussi la plus simple à utiliser, puisque tout est en face de vous. Son utilisation est finalement très naturelle.
En contre-partie, elle a un coût puisqu'il faut acheter un adaptateur (ou une carte, selon la machine), et bien sûr un second écran. Elle peut avoir aussi quelques petits désagréments, d'autant plus vrai, avec les Macs disposant d'un écran intégré. En effet, avec un système multi-écran, il est toujours préférable d'avoir des écrans avec une hauteur similaire, permettant ainsi de les aligner. Ainsi, le bureau étendu ne fait qu'une ligne, sans "cran" pouvant gêner le passage d'un écran à l'autre, et pour limiter la fatigue oculaire. C'est d'autant plus vrai sur iMac disposant d'un écran 4K ou 5K. Sur ces machines, il y a un autre petit inconvénient, la souris peut avoir une vitesse différente sur les deux écrans. Je suis d'accord, il s'agit plus de désagréments que d'inconvénients à proprement parlé, d'autant que c'est souvent infime par rapport au confort apporté par un système multi-écrans. Mais cela reste une petite gymnastique dont il faut prendre l'habitude.
Et le petit plus de macOS ? Lorsque vous prenez une copie d'écran globale (Cmd+Maj+3), vous obtenez, non pas 1 fichier, mais 2 ! Un par écran.
Multi-écrans virtuels
Souvent méconnu, ou rarement utilisé, Spaces n'en reste pas moins l'une des fonctionnalité les plus intéressantes de macOS. Comme sur tous les UNIX/Linux, il a toujours été possible d'avoir des écrans (ou des bureaux, puisqu'il s'agit du terme le plus approprié) virtuels sur Mac OS X, grâce à des applications tierces qui permettait d'accéder à cette fonctionnalité. Depuis 10.5, cette fonctionnalité est magnifiquement intégrée au système d'exploitation, macOS permet désormais de passer très facilement d'une application à l'autre, d'un bureau à un autre ou encore de déplacer des fenêtres d'un bureau à un autre.
Souvent sous-estimée, je me suis rendu compte que peu de personne se servaient de cette fonctionnalité, alors qu'elle permet pourtant de se substituer à un système multi-écrans, de manière virtuelle, et donc sans frais supplémentaire. Les avantages sont nombreux, aucun coût, pas de place prise sur le bureau, très simple à utiliser et ne limite pas le nombre de bureaux supplémentaires.
Depuis que nos ordinateurs sont multitâches (mais qui se souvient encore des Systèmes non multi-tâche ?), les applications se multiplient, et il n'est pas rare d'avoir plusieurs applications qui sont constamment lancées, même si elles restent la majorité du temps en arrière-plan, tel que les e-mails, le navigateur web, la musique, ou encore les différentes messageries instantanées. Avec les applications, ce sont finalement les fenêtres qui se multiplient. Et bien, Spaces sert à cela, ranger le bazar de fenêtres qui pollue votre écran à longueur de temps.
S'il est possible de cacher les applications, il est encore plus pratique de leur dédier un espace sur lequel vous êtes toujours sûr les retrouver, mais surtout de ne retrouver qu'elles. Si la pratique peut s'avérer déconcertante au premier abord, elle est finalement très agréable, puisque l'on a l'impression d'avoir un ordinateur rangé à tout moment, alors que toutes les applications sont présentes. De plus, à l'usage, on se rend compte que l'on est de plus en plus efficace, gagnant un temps fou sur de petites tâches.
Si vous pensez que vous allez vous perdre en créant des bureaux virtuels, rappelez vous qu'en sélectionnant une application, dans le dock ou dans le switcher d'application, vous serez automatiquement amené sur le bon bureau. De plus, la plupart des applications disposent de notifications, que ce soit sur l'icône dans le dock, ou dans le centre de notifications, vous serez donc alertés de la nécessité de vous rendre sur l'application comme vous le faisiez précédemment. Aucune chance de perdre une application, ou de rater un événement.
Moins intuitif que de vrais écrans, vous pouvez commencer par 2 bureaux virtuels, avec par exemple, votre espace de travail sur le premier, et vos e-mails sur le second. Puis une fois l'habitude prise, ajouter un nouvel écran virtuel pour votre navigateur ou iTunes, et ainsi de suite. Mais n'oubliez pas de toujours garder un écran "de travail" pour les applications ouvertes temporairement, pour Finder, et tout ce qui n'a pas besoin d'un espace fixe.
Attention, une fois que l'on a gouté aux écrans virtuels, il devient difficile de s'en passer. Revenir à un simple écran prend des allures de torture.
Lequel est le meilleur ?
Il n'y a malheureusement pas de vainqueur dans ce combat, chacune des solutions ayant ses avantages et ses inconvénients, mais aussi, et finalement, des buts différents.
Il est indéniable, que les créatifs vont continuer à favoriser le multi-écran physique, la raison est simple, il n'est pas possible de partager les palettes d'outils sur plusieurs écrans virtuels. La nécessité vient de l'espace global de travail pas de séparer les applications. Même si, sur un écran 5K, et sa résolution de folie, le multi-écran devient optionnel.
Pour les autres, il s'agira bien souvent d'une question de besoins, d'espace sur le bureau et de budget, mais les bureaux virtuels suffiront bien dans la grande majorité des cas.
Et si la solution n'était pas de mélanger les deux mondes ?
Et bien oui, finalement, la solution est de mélanger les deux, c'est d'ailleurs une solution que j'expérimente depuis quelques mois et le changement d'iMac au travail. J'ai toujours utilisé, et utiliserai toujours les écrans virtuels pour les avantages vus ci-dessus, cependant le besoin d'un second écran s'était fait ressentir afin d'accélérer la productivité.
Et macOS dans ce cas ? Il gère ! Il gère même carrément bien les deux fonctionnalités en simultané. Chaque écran peut disposer de ses propres bureaux, permettant de mixer les applications comme on le souhaite.
Pour ma part, j'ai pris le parti d'avoir mes éléments de travail bloqués sur de multiples bureaux virtuels sur mon écran principal, puis d'avoir les e-mails toujours visibles sur l'unique bureau de l'écran 2.
Il serait possible d'avoir de multiples bureaux sur l'écran 2, mais au final, trop de bureaux tueraient la simplicité, mais chacun dispose de toutes les possibilités pour adapter sa configuration à sa manière de travailler. Que demander de plus ?