Apple : Passage des Mac aux processeurs ARM
Cela faisait longtemps que cette rumeur persistait, nous vous en parlions déjà en 2018, aujourd'hui, c'est une réalité. Apple a annoncé lors de sa WWDC 2020, le passage des Mac aux processeurs ARM.
Ayant vécu l'ensemble des transitions d'Apple (de 68k à PPC, puis de PPC à Intel), la société a toujours su gérer ces changements afin que ce soit le plus transparent possible.
Nous sommes partis pour une nouvelle transition, mais nous sera-t-elle bénéfique, comme les précédentes ? ou ne sera-t-elle positive que pour Apple ?
Pourquoi ce changement ?
Il est vrai que lors du passage aux processeurs Intel, on pensant que c'était le dernier, mais c'était sans compter la capacité à vouloir innover mais surtout à être maître de toute la chaine, du hardware jusqu'au software.
Dans ce cas, l'innovation est surtout de se passer d'Intel qui a essayé ces derniers années, de nombreux revers concernant la sécurité de ces processeurs. Après Spectre et Meltdown qui ont ouvert la brèche en 2018, de nouvelles failles ont été découvertes, et il est, une nouvelle fois, impossible de combler les failles via un patch logiciel.
D'un autre côté, avec la montée en puissance des iPhones et iPad, Apple a désormais un excellente maîtrise des processeurs ARM, en produisant ses propres puces optimisées pour ses utilisations. La société maitrisera donc un peu plus la chaine de production, concevant et produisant, comme pour ses iDevices, de plus en plus de composants.
Enfin, cette maîtrise va permettre de botter en touche les hackintoshs, ces machines non-Apple faisant tourner macOS, souvent plus rapidement que les Mac eux-mêmes. En effet, il sera très facile d'installer des blocages au niveau de la puce principale, ou au niveau de la puce T2, puisque l'intégralité des machines en seront équipées.
Concrètement, qu'est ce que cela implique pour nous ?
Pour nous, utilisateurs, cela ne devrait pas changer grand chose. Comme à chaque transition, il faudra attendre la mise à jour de tous nos logiciels. Cela sera nécessaire pour pouvoir les utiliser à leur plein potentiel sur les premières machines à processeur ARM. En attendant, Apple a prévu un émulateur intégré à macOS, comme cela avait été le cas lors de la précédente transition.
En espérant qu'elles arrivent, car actuellement, de nombreux logiciels, en particulier des jeux, ne sont toujours pas compatibles avec Catalina et sa barrière du 64bits. Il y a fort à craindre que ces mêmes logiciels ne franchissent pas le cap non plus.
Actuellement, nos processeurs sont basés sur des technologies Intel, compatibles avec la majorité des PCs sous Windows (et Linux). La précédente transition a été une bénédiction, car cette compatibilité a permi à certains éditeurs de proposer une version macOS plus facilement, que ce soit des portages d'applications graphiques pour Windows ou des applications en lignes de commande issues du monde Linux.
Ce passage sous ARM devrait nous faire faire un petit pas en arrière à ce sujet. Espérons, d'un autre côté, que cela soit compensé par le fait que, désormais, les développements macOS et iOS seront plus proches et que le Mac devrait profiter plus pleinement des applications prévues pour iPad ou iPhone.
D'un autre côté, les processeurs ARM sont plus proches, dans leur conception moderne, des processeurs Intel que l'étaient les CPU PowerPC de nos G4 et G5. (Même si architecturalement, ils se rapprochent plus des PPC.) Il faut espérer aussi, que cela posera moins de soucis d'optimisation, que nous en avions connus lors des dernières années du PPC.
Ce changement d'architecture bloquera l'installation de Windows sur Mac. En effet, actuellement, Microsoft a indiqué que sa version de Windows pour ARM n'est pas accessible au grand public, mais uniquement pour les professionnels, dans des cas d'utilisation bien précis.
Bootcamp restera peut être disponible, c'est Apple qui décidera. Si c'est le cas, il sera toujours possible d'installer un Linux compilé pour ARM. Et peut être que Microsoft amorcera le même virage qu'Apple ? Mais ce sera certainement moins strict, permettant une utilisation en parallèle des deux structures matérielles.
Enfin, la plus grande interrogation qui reste toujours en suspend, est ce que les processeurs ARM seront aussi performant que les Intel, pour les tâches que l'on fait faire à nos Mac. Actuellement, ces puces équipent nos téléphones et nos tablettes, mais on ne demande pas la même chose à ces appareils qu'à nos ordinateurs. Certaines tâches demandent un peu plus de ressources.
Les puces ARM, qu'elles soient made in Apple ou d'autres constructeurs, ne sont pas réputées pour leurs performances, mais plus pour leur faible consommation, et leur faible dissipation thermique. Cela risque d'être une bonne nouvelle pour les MacBook, puisqu'ils gagneront peut être en autonomie ou en légèreté.
Evidemment, la puissance de ces nouvelles machines sera largement suffisante pour des actions simples, comme l'utilisation des logiciels fournis avec macOS. Ainsi la lecture d'e-mails, la navigation internet, et même la lecture audio ou vidéo passeront sans soucis. Mais qu'en sera-t-il du montage ou de l'encodage audio et vidéo, ou encore de la compilation de logiciel. Mais surtout, lancé de petits jeux se fera sans problèmes, mais qu'en sera-t-il des jeux un peu haut de gamme demandant beaucoup plus de puissance ?
Quels sont les dangers ?
Pour beaucoup, l'insertion de processeurs ARM dans les Mac est signe de convergence entre le Mac et les iDevice, mais aussi, par extension macOS et iOS. macOS, dans sa version actuelle, reste un système assez ouvert dans lequel il est toujours possible d'y faire ce que l'on souhaite malgré les contre-indications ou limitation d'Apple. Alors qu'iOS est un système très fermé, en particulier sur l'installation d'applications, limitée au seul App Store, entièrement controlé par Apple.
Il faut donc espérer que les limitations imposées pour limiter les hackintoshs ne finissent pas par impacter les autres utilisateurs, habitués de macOS et de ses capacités depuis bientôt 20 ans.
Malheureusement, de telles limitations et de tels blocages sont parfaitement envisageables, et dans un futur par si lointain. Si cela fonctionne sur iOS, pourquoi pas sur macOS ?
Depuis des années, Apple réduit petit à petit notre marche de manoeuvre sur nos propres machines, il ne serait pas illogique que la société de Cupertino continue dans cette direction.
Parmi les limitations les plus prévisibles, nous avons le blocage des applications depuis une seule boutique, ou encore la suppression du terminal. Cela fermerait quasi totalement macOS, avec pour effet immédiat de perdre tous ses "powerusers". Mais peut-être est ce le but d'Apple ?
Bien sur, officiellement, cela ne serait pas fait dans un but de blocage, mais plutôt pour "notre sécurité et celle de nos données personnelles".
Quid des développements me direz vous ? Il faut bien que les développeurs puisse créer des applications pour macOS et iOS. C'est simple, Apple fournit d'ores et déjà des kits de développements pour ses futurs Mac sous ARM, pourquoi pas vendre ces kits à tous les développeurs qui le souhaitent, comme Sony, Nintendo ou Microsoft le font déjà pour leurs consoles.
Dans ce cas, il faudra soit accepter et subir, soit switcher vers une autre plateforme. Pour ma part, cela fait plusieurs années que je lorgne vers le monde Linux sans franchir le pas. Malheureusement, cela impliquerait de changer ses habitudes, et ses logiciels. Et ce serait bien dommage, car c'est évident que si l'on reste actuellement sur Mac, c'est bien pour l'OS, et peu pour le matériel, cher et souvent obsolète. Mais pour moi, cela sera tant que l'OS reste ouvert, à l'installation de ce que je veux, comme je le veux et quand je le veux.